Arnaque au faux conseiller bancaire : les freelances, nouvelle cible des escrocs

Il y a un mois, Yoann, victime d'une arnaque, reçoit un appel qu'il n'oubliera jamais. Il décroche car le numéro affiché est celui de sa banque en ligne.

Il est loin de se douter que cette conversation va lui coûter 17 000 euros, soit environ la moitié de son chiffre d’affaires annuel. Une somme qu’il n’est pas sûr de pouvoir récupérer puisqu’il a validé lui-même le paiement. Yoann, victime d’une terrible arnaque témoigne aujourd’hui anonymement dans l’espoir que d’autres freelances ne tombent pas dans le piège comme lui.

Plusieurs dizaines de signalements en un mois #

Selon Hind Elidrissi, cofondatrice d’une association de lutte contre la fraude, plusieurs dizaines de cas similaires ont été signalés en un seul mois. Parmi lesquels quelques victimes déjà déplorées. Avec plus de quatre millions de travailleurs indépendants fin 2021, chaque compte bancaire représente une cible potentielle pour ces arnaques. Et ce, qu’il s’agisse de banques traditionnelles ou d’établissements de paiement en ligne à 100%.

Une arnaque qui existe depuis deux ans

Jean-Jacques Latour, directeur de l’Expertise Cyber-sécurité de la plateforme publique Cybermalveillance.gouv, estime que ce type d’appel frauduleux sévit depuis environ deux ans. La mise en place de cette arnaque coïncide avec une directive européenne sur les moyens de paiement. Celle-ci impose aux banques de créer des procédures de contrôle pour les transactions en ligne.

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En 2022, le service de Jean-Jacques Latour a reçu 1 400 demandes d’aide concernant cette fraude. Aussi, cette arnaque touche aussi bien des particuliers que des professionnels. Le phénomène de « manipulation psychosociale » par de faux conseillers bancaires figurait parmi les principales causes de fraude à la carte l’an dernier. Et ce, selon un rapport de l’Observatoire de la sécurité des moyens de paiement de la Banque de France publié en juillet dernier.

Les bonnes pratiques pour éviter ce type d’arnaque #

Quelle que soit leur situation – individu, entrepreneur ou société – il est essentiel de rappeler qu’un établissement bancaire ne demandera jamais ses codes. Ni même les identifiants ou mots de passe à son client.

En cas de fraude avérée, il n’est pas impossible qu’un banquier appelle son·sa client·e pour le·la prévenir. Cependant, aucune manipulation ne devra être effectuée de la part du·de la client·e. Les escrocs sont loin d’être des amateurs et les transferts d’argent effectués de compte à compte doivent faire l’objet d’une réaction rapide.

Difficultés pour récupérer les sommes perdues

Le principal problème pour les victimes de ce type d’arnaques réside dans la position des banques. En effet, ces dernières considèrent que les client·es ont validé eux-mêmes les paiements. Il leur est donc difficile d’obtenir un remboursement. D’autant plus que ce risque n’est généralement pas couvert par les assurances.

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Yoann a dû engager un avocat pour se battre sur ce point. En effet, son établissement financier refusait de lui restituer les 17 000 euros dérobés.

Pour tenter de récupérer les montants arnaqués, il convient en premier lieu de porter plainte. Les victimes peuvent également signaler toute fraude par carte bancaire sur la plateforme Perceval. Celle-ci est placée sous l’égide du ministère de l’Intérieur.